Les anesthésies générales à répétition sont-elles toxiques pour le cerveau ?

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Depuis quelques années, des doutes sur une potentielle neurotoxicité des anesthésiques généraux en période néonatale ont alimenté une controverse au sein de la communauté anesthésique. Le débat actuel a été initié par plusieurs études animales. Des altérations dans la synaptogenèse et des troubles comportementaux persistants ont tout d’abord été rapportés chez des ratons dont les mères avaient été exposées à de l’halothane pendant la gestation [1].

En 1999, Ikonomidou décrivait une dégénérescence neuronale diffuse chez des ratons après une exposition prolongée à la kétamine [2]. C’étaient les premières anomalies cérébrales structurelles attribuées à une exposition néonatale aux agents anesthésiques. Ces anomalies s’accompagnaient déjà de troubles comportementaux.

En 2003, Jevtovic-Todorovic a réalisé une étude cherchant à se rapprocher des conditions habituelles d’une anesthésie : des ratons ont été exposés pendant 6 heures à une combinaison d’hypnotiques (midazolam + isoflurane) et d’un antalgique (protoxyde d’azote). Ces animaux ont développé de façon prolongée des anomalies cérébrales, dominées par une diminution de la densité neuronale, mais aussi des troubles comportementaux et cognitifs [3].

Données animales

Après ces publications initiales, tous les agents anesthésiques, seuls ou en association, ont été testés in vitro ou sur des modèles animaux, allant du rongeur au primate [4-6, 13]. Il est apparu, en synthèse, que l’exposition en période néonatale à ces produits semblait induire à différents degrés une apoptose neuronale, une suppression de la neurogenèse, voire un remodelage synaptique [7]. Quand plusieurs produits étaient associés, leurs effets neurotoxiques semblaient être au moins additifs [8]. Le protoxyde d’azote, par exemple, n’induisait pas d’apoptose neuronale lorsqu’il était utilisé seul, mais pouvait potentialiser l’apoptose induite par l’isoflurane [9, 3]. L’anesthésie néonatale semblait -également, en plus des anomalies cérébrales, provoquer des troubles du comportement et des apprentissages persistants sur tous les modèles animaux [10, 11]. Une étude en cours sur des macaques rhésus, exposés en période néonatale à une perfusion de kétamine, continue à montrer – après plus de 3 ans d’observation – des performances cognitives inférieures (apprentissage, mémorisation, discrimination visuelle, motivation) en comparaison de celles d’un groupe contrôle [12].

Les mécanismes de la[...]

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À propos de l’auteur

Hôpital Armand-Trousseau, PARIS.