L’expression psychique des personnes polyhandicapées est difficile à décoder. Certaines phrases ou idées sont véhiculées à leur sujet, souvent extraites du vocabulaire végétal (“légumes”, “plantes vertes”), les renvoyant à des êtres vivants sans pensées ni affects, qu’il suffit d’arroser pour les maintenir en vie. Ces images sont d’une grande violence et totalement en décalage avec la réalité pour tous ceux qui sont amenés, par la vie ou leur travail, à les rencontrer : la joie, les rires, l’étonnement, la surprise, mais aussi la peur et la souffrance sont palpables chez ces personnes. Il n’en reste pas moins que le décodage des émotions et du déroulement de la pensée peut être compliqué chez ces enfants ou adolescents, très malaisé à saisir, étant privés de langage oral, avec un corps souvent déformé qu’ils n’arrivent pas à utiliser et des émotions et ressentis qui les débordent.

C’est pourquoi, il nous semble important de décrire les particularités de la communication et de l’expression psychique de ces enfants sur deux versants : les difficultés propres liées au handicap ; les perturbations des interactions parent/enfant, notamment précoces.

Le terme de “polyhandicap” a fait son apparition en France en 1969 [1]. Il a ensuite été utilisé dans les pays francophones. Il visait à caractériser une population spécifique, présentant l’association d’une déficience intellectuelle profonde et d’une restriction majeure de l’autonomie par déficience motrice sévère, ces déficiences interagissant les unes avec les autres. La caractéristique de cette population est son extrême vulnérabilité. Le terme de “polyhandicap” s’oppose au terme anglo-saxon de “multi-­handicap”, qui caractérise une association de déficiences sans prendre en compte leurs interactions réciproques. Les étiologies du polyhandicap sont fréquemment génétiques, ou liées à une paralysie cérébrale anté[...]

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