L’endoscopie sous sommeil induit : changement de paradigme

Les ronflements de l’enfant et l’apnée du sommeil sont des motifs de consultation très fréquents en ORL pédiatrique. Un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est, chez l’enfant, la principale indication d’adéno-amygdalectomie. C’est notablement vrai chez les patients présentant des comorbidités (trisomie 21, malformations craniofaciales et obésité surtout). Cependant, de nombreux enfants présentent une obstruction multi-étagée qui n’est pas toujours corrélée à une hypertrophie amygdalienne visible. C’est dans ce contexte qu’une endoscopie sous sommeil induit (ESSI, ou DISE en anglais pour Drug Induced Sleep Endoscopy) est de plus souvent indiquée pour identifier et traiter les différents sites obstructifs.

Le principe est de réaliser, au bloc opératoire et lors de l’induction anesthésique, une fibroscopie complète, dynamique, des voies aériennes supérieures, qui vise à identifier des sites obstructifs qui ne seraient pas visibles en consultation et se révèlent lors du sommeil. Une fois tous ces sites évalués, l’anesthésie est approfondie, l’enfant est intubé, et des gestes de désobstruction peuvent être effectués. Il est possible d’agir sur une hypertrophie des cornets, des amygdales, de la base de langue, une ptose de l’épiglotte, une laryngomalacie, etc. Ce sommeil chimiquement induit est certes artificiel, mais la baisse de tonus est comparable à celle, physiologique, du sommeil nocturne.

Deux travaux récents, rétrospectifs, rapportent des séries significatives de patients et les résultats des ESSI pratiquées [1, 2].

La première étude a porté sur 123 enfants opérés entre 2018 et 2022, de 8 ans d’âge médian [1]. Plus de la moitié des patients avaient une trisomie 21, 18 % une malformation craniofaciale et 10 % présentaient un surpoids ou une obésité. Tous les patients ont bénéficié d’une ESSI associant pour tous une réduction des amygdales[...]

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