Auteur Caron F.

Infectiologue, CHU et Université de Rouen-Normandie.

Un germe et sa prévention
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L’implication de Neisseria meningitidis comme pathogène humain pourrait n’avoir que cinq siècles : un rien à l’échelon de l’humanité. Alors que maintes maladies infectieuses telles que la peste ou la rage ont été rapportées dès la Haute Antiquité, la première description d’infection invasive à ménin­gocoque (IIM) semble être celle de Willis en 1669 en Angleterre, décrivant alors une épidémie de “méningite épidémique” [1]. Il faut attendre l’an 1808 pour une caractérisation bien plus précise par Vieusseux, à travers l’autopsie de victimes après une épidémie ayant fait 33 morts en 1805 dans le canton de Genève [2]. Puis, viennent différentes descriptions dont celle de Clymer en 1872 à New York, ayant cerné la dimension transmissible d’un “agent morbifique spécifique” après 790 cas dont 607 mortels [3]. Le premier signalement de méningite cérébrospinale en Afrique est celui d’une épidémie chez des soldats à Alger en 1840 [4]. C’est en 1887 que Weichselbaum identifie le premier la bactérie dans le prélèvement de 6 victimes, la dénommant alors Diplococcus intracellularis meningitis [5]. Kiefer relate le portage par un sujet sain en 1896 [6], tandis qu’il faut attendre les travaux de Dopter en 1909 [7] pour l’identification de différents sérogroupes aidant à la compréhension des bases de la sérothérapie, tentée dès 1906 par Jochmann [8].