En écrivant ces quelques lignes à la mémoire de Philippe, décédé le 7 août 2017 dans sa quatre-vingtième année, les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont ceux d’une chanson de Jacques Brel “…Y en a qui ont le cœur si large, qu’on en voit que la moitié…”.
Toutes les personnes qui ont fréquenté Philippe connaissaient ses exceptionnelles qualités intellectuelles et humaines : gentillesse, empathie, bienveillance, intelligence, ouverture aux autres, ouverture au monde, ouverture d’esprit, curiosité, enthousiasme, optimisme. Ces expressions favorites en étaient d’ailleurs les témoins : “J’ai un scoop”, “J’ai ressuscité un malade”, “Vas-y, fonce”. Quant à sa gentillesse légendaire, la seule crainte que pouvait inspirer Philippe à ses élèves n’était autre que celle de le décevoir, peut-être. Nos failles, nos erreurs, il avait la délicatesse de ne pas les souligner ; on les ressentait, en creux, à sa façon de ne pas contredire.
Je voudrais insister ici sur deux autres singularités remarquables de Philippe :
- La première est l’esprit d’innovation dont il a fait preuve tout au long de sa carrière. Nombreuses sont les situations cliniques dans lesquelles Philippe a fait preuve d’inventivité, de créativité, d’originalité en étant le premier en France et parfois même dans le monde, à proposer un nouveau traitement ou une nouvelle prise en charge, mais jamais sans raison justifiée. Je ne peux ici tout lister, mais peut-être vous citer quelques exemples marquants.
Philippe a été le premier à utiliser les quinolones en pédiatrie (nous étions en 1983…), alors que ces molécules étaient contre-indiquées chez l’enfant. Il avait très vite repéré qu’elles pouvaient se révéler utiles dans quelques situations. De même, de retour d’un congrès, devant les succès décrits obtenus par les macrolides dans la panbronchiolite oblitérante (maladie fréquente au Japon), il proposa de traiter les mucoviscidoses avec de l’azithromycine en… 1990. Je ne parlerai pas non plus ici de ses essais divers et multiples de corticothérapie dans des maladies inflammatoires, de même de la colchicine… je n’en ai pas la compétence.
Non seulement doté de ce don d’innovation en matière de traitement, Philippe Reinert pressentait également le besoin d’adapter notre organisation professionnelle tant à l’hôpital qu’en ville. C’est ainsi qu’il a été le premier en France à prôner l’importance fondamentale d’un référent antibiotique au sein d’un hôpital (1987 !!!) ainsi que de la mise en place de la recherche clinique ambulatoire (1988). Je ne peux nier ici l’influence directe que[...]
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