Deuil d’un parent : un traumatisme développemental

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En France, selon la DRESS en 2008, 11 % d’adultes ont perdu un de leurs parents avant l’âge de vingt ans [1]. Ce décès reste le stress le plus important survenant dans l’enfance [2]. Il multiplie les facteurs de risque d’apparition de stress post-traumatique impactant le développement de l’enfant [3, 4], par l’empreinte qu’il imprime sur la synaptogénèse et la sélection synaptique propres à chaque phase du développement cérébral, particulièrement dans des “phases critiques” de développement [5, 6]. Il en découle une influence des choix de vie ultérieurs [7] : 84 % des orphelins estiment que le décès de leur parent a eu un effet sur leurs relations familiales, 38 % sur leur concentration, 34 % sur leurs capacités d’apprentissage, 46 % sur leur orientation et 43 % leur choix de métier [8].

Certaines circonstances de décès sont plus traumatisantes : le décès brutal ou survenant en réanimation provoque chez le parent restant [9], mais aussi toute la famille [10], un stress post-traumatique très important [11, 12].

Clinique du deuil

Bourgeois [13] rapporte la particularité de deuil suite à la perte d’un “autre significatif”. Celui-ci expose l’endeuillé à un risque accru de “deuil traumatique”, car il l’expose à l’angoisse de séparation traumatique de sa figure d’attachement, ce qui requiert un traitement spécifique. En effet, ces deuils sont plus longs, voire chroniques, avec un risque d’épuisement psychique (“deuils compliqués”), pouvant conduire secondairement à la construction de troubles psychiatriques : dépression, anxiété chronique, etc. (“deuils pathologiques”).

En effet, sauf de rares cas (maltraitance active, violences conjugales, etc.), tout enfant vit le deuil de son parent comme particulièrement illogique et injuste, car il le prive d’un soutien essentiel, le plongeant dans une insécurité majeure, surtout si le parent restant en vie va mal. Il peut alors avoir peur de mourir, se sentant abandonné et fragile, mais aussi avoir envie de rejoindre son parent mort, avec parfois l’impression que celui-ci l’attire vers lui, ce qui peut l’angoisser secondairement.

Par ailleurs, les étapes de la vie ultérieure, avec ses échéances temporelles symboliques (passage de classe ou de cycle scolaires, spectacles de fin d’année, examens importants, mariage, paternité ou maternité, etc.), sont autant de rebonds traumatiques liés à la réactivation du vécu d’abandon[...]

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À propos de l’auteur

PUPH Pédopsychiatrie, Paris Sud, Chef de service et Chef du Pôle Enseignement – Recherche de la Fondation Vallée, GENTILLY.