Prise en charge des réactions aux bêtalactamines chez l’enfant

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Les suspicions d’allergie aux bêtalactamines chez l’enfant constituent un problème de santé publique. Près de 10 % des enfants sont étiquetés allergiques aux pénicillines [1]. Ces enfants reçoivent des antibiotiques alternatifs (macrolides, céphalosporines, voire quinolones) dont l’efficacité peut être moindre que celle des pénicillines et ont une morbi-mortalité infectieuse plus importante. En outre, le spectre des antibiotiques alternatifs est souvent plus large que celui des pénicillines, ce qui augmente le portage de germes antibiorésistants. Les patients étiquetés allergiques sont en effet plus fréquemment porteurs de germes BLSE, de Staphylocoques Aureus résistants à la méticilline, et ont plus fréquemment des infections à Clostridium Difficile. Le coût de santé lié aux patients étiquetés allergiques aux bêtalactamines est donc plus élevé. Cependant, bien que fréquemment suspectée, l’hypersensibilité (HS) ou l’allergie aux bêtalactamines est rare et n’est confirmée que dans 5-10 % des cas. Près de 90-95 % des enfants étiquetés allergiques le sont donc à tort. La prise en charge des enfants avec suspicion d’allergie aux bêtalactamines s’inscrit donc dans une démarche de santé publique et dans le cadre plus large de la lutte contre l’antibiorésistance. L’enjeu est de désétiqueter au plus vite les enfants étiquetés à tort allergiques aux bêtalactamines.

Caractériser la réaction index

Les HS sont des réactions adverses à des substances normalement bien tolérées. Lorsque les HS sont médiées par des mécanismes immunologiques spécifiques contre ces substances, il s’agit d’allergies. Les mécanismes allergiques les plus connus impliquent les IgE spécifiques et les lymphocytes T. La présentation clinique et les risques en cas de réexposition diffèrent selon le mécanisme impliqué. Les réactions IgE-médiées surviennent immédiatement après l’exposition (dans l’heure suivant la première prise du médicament), et sont de nature cutanéo-muqueuse (urticaire, œdème, rhino-conjonctivite) ou anaphylactique. Les réactions médiées par des lymphocytes T sont retardées (au-delà de 1 heure après le début du traitement, généralement dans les heures ou jours qui suivent), et sont principalement cutanées : urticaire ou exanthème maculo-­papuleux (EMP). Le risque d’anaphylaxie[...]

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À propos de l’auteur

Service de Pneumologie et d'Allergologie Pédiatriques, Hôpital Necker-Enfants malades, PARIS.