Auteur Constantinidès Y.

Professeur de philosophie et d’éthique appliquée, PARIS.

Revues générales
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La forte progression de l’obésité, qui touche particulièrement les enfants et les adolescents, s’accompagne d’une grossophobie décomplexée, qui fait rage sur les réseaux sociaux. Pourquoi un tel acharnement à l’égard de personnes qui sont les premières à souffrir dans leur chair de cette condition peu enviable ? De quoi la grossophobie est-elle le nom ? Que recouvre-t-elle exactement ?
Les témoignages, de plus en plus nombreux, de femmes victimes, souvent dès l’enfance, de cette discrimination ordinaire liée au poids révèlent une très vive souffrance, une blessure narcissique béante. La stigmatisation sociale est, dans ce cas, intériorisée et peut se transformer en haine de soi.
Les représentations jouent en effet ici un rôle capital. Le courant récent de body positivity a bien tenté de les modifier mais, en clamant haut et fort la fierté d’être gros, il nourrit la grossophobie qu’il entend combattre.

Compte rendu des 23es JIRP
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Les troubles du comportement alimentaire se multiplient aujourd’hui chez les enfants et les adolescents pour des raisons qui ne sont pas liées à la nourriture elle-même, mais qui relèvent clairement de l’idéologie. Un faisceau de raisons hétéroclites, qui va de l’indignation face à la souffrance animale à l’inquiétude au sujet du dérèglement climatique, en passant par une culpabilité diffuse, qui ne demande qu’un prétexte pour s’auto-flageller, explique en effet le dégoût moral qui s’exprime de plus en plus à l’égard de l’alimentation carnée, accusée de tous les maux.

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Époque propice aux doutes métaphysiques et aux questionnements existentiels, l’adolescence est particulièrement perméable aux idéologies les plus extrêmes. Le végétalisme joue ainsi habilement sur la culpabilité tardive mais vive du “plus grand prédateur de la planète”, pour le pousser à adopter un régime alimentaire très restrictif. Il s’agit au fond moins de nourriture que d’hygiène morale, la purification de soi passant par le refus de tout “sacrifice” sanglant.
Le véganisme se présente comme un progrès décisif de la civilisation alors qu’il constitue en réalité une régression inquiétante. Comme toute croyance millénariste, il cherche à s’imposer de gré ou de force, personne ne devant ignorer la révélation d’un monde meilleur, pacifié. Ce virage brutal, que des repentis zélés demandent à l’humanité de prendre, est censé la guérir de ses pulsions sauvages, mais le traitement de choc proposé n’est-il pas pire que le mal ? En jetant l’opprobre sur le plaisir innocent de manger, le véganisme nuit en tout cas dangereusement à la santé physique et mentale.