Nous avons repris tous les dossiers des enfants suivis durant les quinze dernières années présentant une DG. Ce “diagnostic” étant rare, nous n’avons retrouvé que dix dossiers, cinq concernant des enfants non pubères (lors des troubles) et cinq concernant des adolescents. Ces adolescents ont tous été rencontrés dans les trois dernières années, contrairement aux enfants. Cette souffrance chez les adolescents est devenue récemment plus reconnue et exprimée, et surtout bien plus médiatisée qu’auparavant.

L’autre différence entre ces deux populations est que les difficultés d’acceptation de son genre assigné était la cause de la demande de prise en charge pour tous les adolescents, et pour aucun des enfants, tous pris en charge pour d’autres symptômes.

Dans ce texte de réflexions, nous n’aborderons pas les situations d’inter­sexualité.

Enfants non pubères

1. Un exemple clinique

Victor a 4 ans et vient d’avoir une petite sœur. Depuis le milieu de la deuxième grossesse de sa maman, il joue à mettre un coussin sous son pull, affirmant “J’attends un bébé, comme maman”, et “Quand je serai grand, je serai maman…”. Il est très en colère quand on lui dit qu’il est et restera un garçon, puis un homme “comme papa”.

Victor a toujours été très proche de sa maman, son papa est accaparé par un métier qui lui demande beaucoup de déplacements professionnels. Heureusement, son papa a pu prendre un long congé de paternité (en France, il est maintenant fixé à 25 jours), et s’est beaucoup plus activement occupé de son fils après la naissance de sa petite sœur. À 5 ans, il n’évoque plus de souhait de grossesse, et parait très (trop ?) fier de son pénis : nous avons dû travailler avec ses parents les explications qu’ils peuvent lui donner sur la différence[...]

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.