Il est temps de reconnaître l’engendrement avec tiers donneur

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Les opposants à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules s’inquiètent de ses effets potentiels sur les enfants. Face à eux, les partisans de la réforme rappellent que de très nombreuses études sont disponibles, qui montrent que les enfants nés de PMA ou élevés dans des familles homoparentales vont bien. Mais tout se passe comme si les deux camps se faisaient face sans parvenir à dialoguer. Il n’appartient pas à la sociologue que je suis de se prononcer sur les études des psychologues et des psychiatres. En revanche, il me semble que la sociologie du droit permet d’aborder les choses de façon différente.

En effet, on entend beaucoup dire que l’ouverture aux femmes seules et aux couples de femmes introduirait une fracture juridique, anthropologique et bioéthique au sein même des pratiques médicales d’aide à la procréation. Alors que jusqu’à présent la PMA a toujours été conçue comme un ensemble de traitements des infertilités pathologiques, on lui demanderait aujourd’hui de répondre à des demandes “de convenance”, et de surcroît pour créer des naissances “impossibles” : naissances issues d’un seul parent, de deux femmes, etc.

Tout ce discours repose sur l’opposition entre deux PMA : la PMA thérapeutique, qui aurait été la seule jusqu’à présent, et la PMA sociale, qui adviendrait si on acceptait les demandes venues des femmes seules et des couples de femmes, au risque de détruire le système tout entier. Or cette vision de la fracture n’est pas fondée car elle ne correspond pas aux faits : la PMA sociale a toujours existé.

Il y a toujours eu depuis le début des nouvelles technologies de la reproduction dans les années 1970 deux PMA. La PMA thérapeutique (95 % des naissances) correspond aux cas où un couple, par hypothèse hétérosexuel, ne parvient pas à procréer un enfant, et qu’on lui propose des traitements. Mais il existe aussi une autre PMA, proposée justement en cas d’échec thérapeutique : c’est la PMA avec tiers donneur. Celle-ci n’est pas un traitement, même palliatif, car elle ne soigne rien. Le père stérile reste stérile. En revanche, un enfant naît parce que la médecine a inventé, proposé et mis en œuvre un arrangement social : un engendrement[...]

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À propos de l’auteur

Sociologue, Directrice d’études à l’EHESS, PARIS.