Le petit prince et le chercheur

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Le petit prince était parvenu sur la dernière planète de son voyage. Il avait d’abord traversé de larges espaces meublés de tables de ping-pong et de parkings à bicyclettes1, avant d’atteindre une grande salle où se trouvaient regroupées beaucoup de grandes personnes qui, l’air très sérieux, faisaient face à des ordinateurs.

À l’arrivée du petit prince, un homme aux cheveux gris, qui n’avait pourtant pas l’air très vieux, se leva pour l’accueillir avec bienveillance.

“Qui es-tu ? lui demanda, sans préambule, le petit prince.
– Je suis un chercheur, répondit l’homme aux cheveux gris.
– Et que cherches-tu ? l’interrogea à nouveau le petit prince.
– Je suis chercheur en intelligence artificielle, lui répondit l’inconnu avec un regard malicieux. Je fabrique des machines à penser que je vais nourrir avec des millions d’informations…
– Et qui va te donner ces millions d’informations ? demanda encore le petit prince, pour lequel le mot informations n’était pas très clair comme exemple de nourritures…
– Des milliers d’hommes.
– Avec leurs milliers d’intelligences ? interrogea encore le petit prince, qui devinait peut-être beaucoup plus que le chercheur ne l’imaginait. Et que vont fabriquer tes machines avec ces milliers d’intelligences ? poursuivit le petit prince.
– Des milliers d’algorithmes, répondit le chercheur.
– Des milliers d’algorithmes…, répéta le petit prince en essayant de prononcer
correctement ce mot qu’il ne comprenait pas. Et que vont-elles faire, tes machines avec ces algorithmes ?
– Elles vont pouvoir penser et réfléchir comme toi, lui répondit le chercheur qui tentait de simplifier. Et, aussi rire… et même pleurer”, ajouta-t-il pour tenter d’étonner le petit prince.

Le petit prince se dit qu’il devait déjà être très difficile de fabriquer des machines à penser et réfléchir (il ne comprenait pas trop les différences), mais des machines pour pleurer, lorsqu’on est tellement triste qu’on aime les couchers de soleil, lui semblait impossible…

Le chercheur lui dit alors en prenant un air savant (ce qui est parfois naturel pour un chercheur) : “Rien ne résiste à la Science, car la Science est le résultat de l’analyse rationnelle du monde qui nous entoure. Et, elle est, selon moi, la seule route pour comprendre ce monde.

Le petit prince songea alors que le chercheur se mettait à parler comme une grande personne qui s’adresse à des grandes personnes. Il lui semblait pourtant que toutes les planètes qu’il avait visitées au cours de son voyage lui paraissaient bien décidées à résister à la Science. Et, son ami l’aviateur lui avait appris aussi que les routes vont toutes vers les hommes. Mais, il ne dit rien. Il ne voulait pas faire de[...]

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À propos de l’auteur

Service de Pédiatrie Générale, Hôpital Robert Debré, PARIS.