Le scandale des cantines vertes

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La mairie écologiste de Lyon a décidé de retirer la viande des menus proposés aux enfants d’école primaire au retour des vacances de février. Cette décision a suscité de nombreuses polémiques politiciennes dans lesquelles je ne m’immiscerai pas. Mais en tant que pédiatre spécialisé en nutrition, mon devoir est de dénoncer cette dérive qui risque de se propager au détriment de la santé des enfants.

Loi Egalim : le ver dans le fruit

Fin 2018 était promulguée la loi Egalim qui imposait à toutes les cantines scolaires, de la maternelle au lycée, de proposer au moins un menu sans viande par semaine. Un tel décret était objectivement difficile à critiquer dans la mesure où le retrait de la principale source de fer dans un seul des 21 repas hebdomadaires ne pouvait raisonnablement pas accroître le risque de carence martiale. Mais la portée symbolique et éducationnelle qu’une telle ordonnance pourrait entraîner me préoccupait déjà. En effet, elle pouvait laisser entendre qu’il était possible de remplacer les produits carnés par des végétaux ou, pire encore, de faire croire que les enfants devaient réduire leur consommation de viande. Pourtant, depuis 2017, la Société Française de Pédiatrie (SFP) recommande de consommer 2 produits carnés quotidiens pour assurer les besoins en fer de l’ensemble des enfants et adolescents [1].

Et le plafond de verre s’est ouvert

Ce que la loi Egalim laissait craindre s’est en fait concrétisé. Le maire de Lyon a exclu la viande du menu scolaire de ses jeunes administrés en justifiant cette décision par la nécessité de fluidifier le service dans le contexte actuel de contraintes sanitaires. Je laisserai les lecteurs juger du bien-fondé de cet argument afin de me concentrer sur les conséquences sanitaires d’un tel acte.

Ne pas permettre, 4 ou 5 fois par semaine, aux jeunes Lyonnais de suivre les recommandations de la SFP risque cette fois d’accroître la prévalence de la carence en fer qui, rappelons-le, est déjà la plus fréquente des maladies nutritionnelles de la planète [2], tout particulièrement chez les enfants et les adolescents [3]. Ce seront de surcroît les enfants des familles défavorisées qui seront probablement les principales victimes de cette initiative dans la mesure où la cantine représente parfois le seul menu leur permettant de consommer un produit carné.

Cette tribune me donne l’occasion de me révolter[...]

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À propos de l’auteur

Service de Nutrition et Gastroentérologie Pédiatriques, Hôpital Armand-Trousseau, PARIS.