Pourquoi ne faut-il pas demander de bilan hormonal systématique chez l’enfant obèse ?

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Devant une obésité commune de l’enfant, certains parents ou médecins cherchent une cause pathologique expliquant la prise de poids importante. Dans l’hypothèse d’un dérègle­ment hormonal expliquant l’obésité, un bilan biologique est bien souvent réalisé. Or, si certaines anomalies endocriniennes se manifestent par une prise de poids pouvant aller jusqu’à un surpoids ou une obésité, c’est exceptionnellement un symptôme isolé.

L’obésité est dite commune chez 99 % des enfants obèses, et le dernier pourcent regroupe les étiologies endocriniennes et monogéniques. Les deux endo­crinopathies susceptibles d’engendrer une prise de poids sont l’hypothyroïdie et l’hypercorticisme. Le diagnostic de ces deux pathologies, s’il est biologique, est évoqué sur un faisceau de signes cliniques. Ainsi, le tracé des courbes de croissance staturale, pondérale et de l’indice de masse corporelle (IMC) ainsi qu’un examen clinique complet avec mesure de la pression artérielle suffisent à évoquer ou écarter ces diagnostics.

L’hypothyroïdie chez l’enfant se manifeste en premier lieu par une cassure de la courbe staturale et la prise de poids est inconstante et modérée. La constipation, l’asthénie et la présence d’un goitre sont également des signes évocateurs. Le diagnostic sera fait sur un bilan thyroïdien comprenant le dosage plasmatique de la lévothyroxine (T4), la thyréostimuline (TSH) et des anticorps anti-thyroperoxydase.

La réalisation d’un bilan thyroïdien chez les patients obèses avec une croissance normale et aucun signe évocateur de dysthyroïdie peut cependant révéler une augmentation modérée et isolée (taux de T4 normal) de la TSH chez 7-23 % des enfants [1]. Il s’agit probablement d’une élévation de la TSH secondaire à l’obésité sévère, adaptative, par un mécanisme de résistance relative à la TSH induite par l’augmentation de la masse grasse. Il n’y a pas de différence d’activité des hormones thyroïdiennes malgré ces taux de TSH subnormaux [2]. Cette perturbation du bilan thyroïdien ne justifie en aucun cas la réalisation d’un bilan hormonal en cas d’obésité isolée et ne nécessite aucun traitement ou surveillance (recommandations HAS de 2011 [3]).

L’hypercorticisme, que sa cause soit endogène (centrale par maladie de Cushing ou périphérique par pathologie surrénalienne) ou exogène (corticothérapie), entraîne un arrêt de la croissance concomitant de la prise de poids [4]. Il est éventuellement associé à une hypertension artérielle, une érythrose faciale, des vergetures pourpres et une amyotrophie proximale. La prise de poids est classiquement fulgurante. La mise en évidence d’une hypercortisolurie des 24 h et d’une hypercortisolémie à minuit pose le diagnostic [5]. Il est donc extrêmement rapide, très différent dans sa présentation clinique de l’obésité commune qui
s’installe[...]

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À propos de l’auteur

Explorations Fonctionnelles Endocriniennes, Centre de Référence des maladies endocriniennes rares de la croissance, Hôpital Armand-Trousseau, PARIS.