Retard de croissance staturale : quand s’inquiéter ?

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La croissance staturale est un phénomène multifactoriel qui débute pendant la vie intra-utérine et s’achève à la fin de la puberté, lorsque l’organisme atteint sa taille adulte. Pour pouvoir évaluer la croissance staturale d’un enfant, il faut donc avoir en tête quelques notions de physiologie, et savoir distinguer “l’écart à la norme” tolérable du signe d’appel d’une pathologie chronique, qui va nécessiter une prise en charge spécifique [1].

Dans l’enfance, la croissance staturale est sous la dépendance de trois systèmes hormonaux : le système GH-IGF-I, les hormones thyroïdiennes et les stéroïdes sexuels (à la puberté) [2]. Le système GH-IGF-I est notamment modulé par l’état nutritionnel et l’état inflammatoire de l’organisme. Ainsi, les enfants en carence nutritionnelle (principalement protidique) expriment un degré de résistance à la GH (growth hormone) et une baisse d’activité de l’IGF-I [3]. Il en va de même pour les enfants souffrant d’une pathologie inflammatoire chronique [4]. Dans ces deux cas, le retard statural peut mener vers le diagnostic et, récipro­quement, il faudra écarter ces deux étiologies en cas de retard de croissance.

Un enfant avec une croissance normale aura :

  • une taille située dans les normes pour son âge (entre –2 et 2 DS) ;
  • une taille située à moins d’1,5 DS de sa taille cible génétique 1 ;
  • une vitesse de croissance régulière.

Si l’un de ces paramètres ne se vérifie pas chez un enfant, alors il est licite de se questionner sur sa croissance staturale. En effet, les anomalies génétiques responsables de petite taille (incluant les maladies osseuses constitutionnelles) se révèlent souvent par des tailles inférieures à –2 DS et peuvent être héréditaires (la taille cible génétique étant alors ininterprétable), et la vitesse de croissance est volontiers régulière dans les premières années. La cause la plus fréquente chez la fille est le syndrome de Turner (monosomie 45X0), où retard statural et retard pubertaire s’associent [5].

De même, un ralentissement de la vitesse de croissance peut être le témoin d’une pathologie acquise. Il faut alors se méfier des pathologies chroniques qui peuvent être paucisymptomatiques (insuffisance rénale chronique, leucémie, maladie cœliaque, etc.). Cela peut également révéler une pathologie hormonale telle qu’une hypothyroïdie (thyroïdite) ou un déficit en hormone de croissance (possiblement combiné à d’autres déficits antéhypophysaires). Enfin, il faut garder à l’esprit que les traitements par corticoïdes au long cours, par voie générale ou inhalés, peuvent induire un ralentissement de la vitesse de croissance par action locale sur la réceptivité du cartilage de croissance à l’IGF-I.

Par ailleurs, il est important[...]

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À propos de l’auteur

Explorations Fonctionnelles Endocriniennes, Centre de Référence des maladies endocriniennes rares de la croissance, Hôpital Armand-Trousseau, PARIS.