
Penser juste…
L’École détient à la fois la responsabilité d’apprendre aux enfants à acquérir les connaissances et à penser juste, écrit Philippe Meirieu.
Service de Pédiatrie Générale, Hôpital Robert Debré, PARIS.
L’École détient à la fois la responsabilité d’apprendre aux enfants à acquérir les connaissances et à penser juste, écrit Philippe Meirieu.
Il avait le sourire d’un jeune adolescent espiègle et ses cheveux étaient de la couleur des feuilles d’automne.
Il avait le cœur devenu trop lourd pour supporter les harcèlements que lui faisaient subir les jeunes de son collège : insultes, brimades, intimidations, moqueries, humiliations, bonnet maintes fois arraché, coups de genoux assénés par surprise… sans qu’aucun collégien ni adulte présents ne soient jamais intervenus.
Avant, ce n’était peut-être pas parfait… mais tout est à l’imparfait maintenant.
Avant, je croyais qu’aimer l’humain suffisait pour bien agir.
Avant, j’espérais que nous pourrions faire mieux, encore et encore.
Avant, je disais à un patient je reviens et je revenais vraiment. Et je me souvenais du prénom de chacun.
La séance inaugurale du Congrès de Marseille de la Société Française de Pédiatrie proposait très opportunément une synthèse des perspectives ouvertes par les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant : “un futur pour la pédiatrie” et la remise de prix aux jeunes générations pour leurs travaux de recherches : “la pédiatrie du futur.”
De l’imaginaire aux réalités… ou l’inverse.
L’enfant est un vrai rêveur pour lequel l’impossible est souvent naturel. À sa rencontre, l’adulte retrouve, comme un refuge, un imaginaire presqu’oublié.
Un médecin généraliste de campagne à la retraite m’avait confié avec humilité, que le moment était venu pour lui d’analyser les erreurs de diagnostics cliniques pédiatriques qu’il avait pu commettre au cours de sa carrière.
Je lui ai répondu, face à cet aveu dont il éprouvait de la culpabilité, que l’apprentissage par les erreurs faisait preuve de son efficacité pédagogique. De nombreux enseignants et experts en formation médicale ont pu y recourir, l’essentiel étant de faire comprendre les causes de leurs erreurs aux participants jusqu’à les conduire, dans les meilleurs des cas, à ce qu’ils puissent les corriger eux-mêmes.
Des enfants d’une école maternelle sont assis à même le sol d’un musée, face à une peinture d’art devant laquelle s’est arrêtée la maîtresse des écoles qui les accompagne. Ils sont silencieux, dans un état d’émerveillement – au sens propre de l’accueil de la beauté, de l’harmonie et du mystère de la découverte – qui illumine leur regard.
Le recueil “Paroles d’étudiants en médecine de l’Université Paris Cité”* ayant vécu à l’hôpital la pandémie 2020, témoigne de ce que fut pour eux la réalité du sens du mot parfois moqué de vocation, reliant celle-ci à un imaginaire altruiste plus ou moins précis.
Aux alentours des années 1960, plusieurs auteurs avaient évoqué les contours d’un syndrome du pédiatre “désenchanté, fatigué, désabusé”. En 1977, Pierre Royer décrivait le syndrome du Pédiatre inquiet1 (pédiatres trop nombreux, diminution de la natalité, avenir imprécis des consultations pour enfants…) tout en évaluant comme raisons d’espérer des réajustements possibles d’équilibres selon des systèmes très variables au gré des ressources humaines, des coûts des dépenses de santé et des moyens devant leur être accordés.
1983. Quarante ans déja. Premier recueil épidémique des bronchiolites aiguës du nourrisson en région parisienne.
Objectifs : faciliter l’organisation et les ressources d’accueil à prévoir pour les enfants atteints… Chacune des années suivantes se dessineront des courbes épidémiques à peu près similaires.