Le concept des 1 000 premiers jours a pris un essor considérable depuis le début du siècle. De nombreuses études expérimentales ont ainsi montré, chez l’animal, l’impact que pouvait avoir la nutrition in utero et au cours des premiers mois de la vie sur la santé future.

L’extrapolation à l’espèce humaine a parfois été un peu hâtive. En effet, si de multiples études observationnelles montrent l’existence d’un lien statistique entre des modifications environnementales précoces et la survenue ultérieure de pathologies diverses, les données objectives sont, pour l’instant, beaucoup moins nombreuses chez l’humain qu’elles ne le sont chez l’animal, notamment dans le rôle potentiel des facteurs nutritionnels post-natals.

L’objectif de cet article est de faire le tri entre les hypothèses solides et celles reposant sur des arguments discutables, voire erronés (tableau I). Seules celles concernant l’alimentation des deux premières années seront abordées, en excluant donc la programmation in utero et celle liée aux autres facteurs environnementaux (toxiques, probiotiques, prébiotiques, antibiotiques, altérations du microbiote intestinal, etc.).

Hypothèses solides

1. Rattrapage pondéral des RCIU et risque cardiovasculaire (CV)

En 1990, l’équipe de David Barker a été la première à évoquer le concept de programmation nutritionnelle [1]. Elle a ainsi mis en évidence un lien statistique entre les nouveau-nés ayant un retard de croissance intra-utérin (RCIU) et le risque de développer des maladies CV et un syndrome métabolique à l’âge adulte. L’analyse des travaux ultérieurs a montré que le rattrapage pondéral postnatal trop rapide des RCIU était un facteur plus important que le RCIU lui-même dans l’augmentation du risque CV à l’âge adulte [2]. Si ce constat pourrait inciter les néonatologistes à limiter la prise de poids[...]

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