L’ajout de lactoferrine par voie entérale a-t-elle un intérêt dans la prévention des complications de la prématurité ?

0

Elfin trial investigators group. Enteral lactoferrin supplementation for very preterm infants: a randomised placebo-controlled trial. Lancet, 2019;393:423-433.

Lors de leurs hospitalisations, souvent longues et avec de nombreux gestes invasifs, les grands prématurés (nés avant 32 SA) sont exposés à des infections tardives (survenant plus de 72 h après la naissance) dont la prévalence est estimée à plus de 20 %. Ces complications augmentent le risque de mortalité et de morbidité et ont un impact non négligeable sur le développement neurologique et la durée d’hospitalisation.

La lactoferrine, glycoprotéine de la famille de la transferrine, est un composé présent dans le lait maternel. Il est impliqué dans la réponse innée aux infections en inhibant notamment l’adhésion microbienne et la formation de microfilm, et en stimulant la croissance des probiotiques ainsi que l’expression d’enzymes digestives. Du fait de la faible quantité de lait consommée durant les premiers jours de vie, les prématurés reçoivent très peu de lactoferrine.

En 2017, une revue Cochrane reprenant 6 essais randomisés­contrôlés sur l’administration entérale de lactoferrine bovine avait montré une diminution de 40 % du risque d’infection tardive et une réduction de 60 % d’entérocolite
ulcéro-nécrosante (ECUN). Cependant, la méthodologie de ces études était de faible qualité et la population très hétérogène.

Le but de ce travail était de confirmer ces données chez des grands prématurés avec un travail plus rigoureux. Il s’agit d’un essai randomisé-contrôlé, placebo-contrôle, réalisé au Royaume-Uni entre 2014 et 2017 dans 37 unités de soins ayant inclus des grands prématurés de moins de 72 h de vie, sans anomalie congénitale ni pathologie prévoyant un jeûne prolongé. Les nouveau-nés ont été randomisés avec un système d’appariement strict pour recevoir par voie entérale soit de la lactoferrine bovine à la dose de 150 mg/kg/j (maximum de 300 mg), soit un placebo (saccharose) jusqu’à 34 SA. L’objectif principal était d’évaluer pendant toute la durée du séjour hospitalier la survenue d’une infection tardive confirmée sur le plan biologique ou suspectée cliniquement. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la mortalité, les morbidités liées à la prématurité et la durée d’hospitalisation.

Sur les 2 203 enfants inclus, les données ont pu être analysées chez 1 093 nourrissons dans le groupe lactoferrine et 1 089 dans le groupe placebo. 28,9 % des enfants du groupe lactoferrine ont eu une infection confirmée par la microbiologie ou suspectée sur la clinique versus 30,7 % dans le groupe placebo. Le risque ratio (RR) ajusté pour l’objectif principal était de 0,95 (IC 95 % : 0,86 à 1,04). Les analyses de sous-populations réparties par âge gestationnel ou type de[...]

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.

Pas encore abonné(e)
INSCRIVEZ-VOUS

Inscrivez-vous gratuitement et profitez de tous les sites du groupe Performances Médicales

S'inscrire
Partagez.

À propos de l’auteur

Service de Gastro-Entérologie et Nutrition Pédiatriques, Hôpital Armand Trousseau, PARIS.