Auteur Lemale J.

Service de Gastro-Entérologie et Nutrition Pédiatriques, Hôpital Armand Trousseau, PARIS.

L’année pédiatrique 2023
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L’année 2023 n’a pas bouleversé la prise en charge des pathologies de gastroentérologie pédiatrique. Elle a cependant été riche en mises au point, notamment par des comités d’experts de la société savante européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques (ESPGHAN), concernant la réalisation de régimes spécifiques ou l’utilisation de probiotiques en cas de pathologies digestives. Certains articles ont abordé le développement de nouveaux traitements pour l’œsophagite à éosinophiles et la constipation fonctionnelle. Enfin, plusieurs études ont été plutôt rassurantes quant à la survenue de cancers chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques intestinales.

Analyse bibliographique
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Les enfants atteints de drépanocytose ont un risque augmenté d’avoir une infection bactérienne invasive pour des raisons multifactorielles (hypersplénisme, altération des fonctions leucocytaires, activation du complément, déficits micronutritionnels). Le dépistage néonatal, la prophylaxie universelle par pénicilline et la vaccination contre le Streptococcus pneumoniae et l’Haemophilus influenzae type b 12 ont permis une diminution considérable du nombre d’infections bactériennes invasives dans cette population. Seule une étude épidémiologique a été réalisée depuis l’utilisation du vaccin conjugué 13-valent contre S. pneumoniae (VPC13V) aux États-Unis.

Revues générales
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Le goût est un processus sensoriel complexe impliquant bien plus que le système gustatif. Tous les sens vont avoir un impact sur l’appréciation d’une saveur ou d’un aliment. En anténatal, le fœtus pourrait déjà être sensibilisé à certaines saveurs selon l’alimentation maternelle consommée. De même, un enfant allaité serait exposé dans les premiers mois de vie à une plus grande diversité de saveur par rapport à l’enfant recevant un lait infantile, ce qui pourrait favoriser la consommation de certains aliments ultérieurement. Il semble également exister une fenêtre de tolérance précoce, avant l’âge de 3,5 mois pour accepter le goût de certains laits infantiles comme les hydrolysats poussés de protéines de lait de vache. Par ailleurs, l’utilisation précoce de ces formules favoriserait l’appréciation de la saveur amère plus tard dans l’enfance. Mais de façon générale, plusieurs études ont montré que l’on pouvait favoriser l’acception d’un aliment chez l’enfant en lui proposant de façon répétée, mais pas modifier son attrait pour une saveur en général. Par ailleurs, l’appréciation des saveurs sucrées et amères dépend de polymorphismes génétiques.

Analyse bibliographique
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Les effets secondaires associés aux traitements pour les troubles de l’attention/hyperactivité (TDAH) sont des facteurs importants influençant le clinicien et les parents dans la prescription. L’efficacité et la sécurité d’emploi de ces traitements ont été analysés dans des essais randomisés chez l’enfant d’âge scolaire et chez l’adolescent. Chez le jeune enfant, actuellement, les recommandations pratiques de prise en charge sont un traitement comportemental en première ligne. Cependant, la majorité des enfants de cette tranche d’âge reçoivent un traitement médicamenteux soit par méthylphénidate, soit par agonistes α2-adrénergiques à libération immédiate (A2A), comme la clonidine et la guanfacine. Les effets secondaires, notamment de ce dernier traitement, sont peu connus à cet âge.

Revues générales
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L’ingestion de piles boutons est un véritable problème de santé publique chez l’enfant du fait de la morbidité et mortalité qu’elle engendre. Il s’agit d’un accident relativement fréquent survenant principalement chez le jeune enfant. La HAS a récemment publié de nouvelles recommandations en cas d’ingestion d’une pile bouton selon son diamètre, l’âge de l’enfant, la localisation et le délai d’ingestion de la pile. Tout enfant suspect d’ingestion, quels que soient son âge et le diamètre de la pile, doit avoir une radiographie de thorax de face +/– de profil en urgence pour la localiser. Une pile enclavée dans l’œsophage doit être retirée en urgence lors d’une endoscopie digestive haute, afin d’éviter une fistule entre l’œsophage et les structures vasculaires environnantes mettant en jeu le pronostic vital. Une pile localisée dans l’estomac chez un patient asymptomatique sera retirée dans les 24 heures si l’enfant a moins de 5 ans, sera contrôlée par un ASP à J4 si l’enfant a entre 5 et 12 ans ou entre J10 et J14 s’il a plus de 12 ans.

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Les entérocolites ulcéronécrosantes (ECUN) néonatales ont une physiopathologie qui reste mal comprise. Plusieurs facteurs seraient en cause : la prématurité, l’alimentation entérale avec une formule infantile, une réponse immunitaire altérée ou encore une dysbiose intestinale. Les infections pourraient avoir une contribution dans cette pathologie. Le microbiome intestinal a été très étudié par rapport au virome, dont le rôle pourrait être non négligeable. Certaines études, de type cas clinique ou petites séries de patients, ont rapporté une association entre infections virales (rotavirus, norovirus, CMV, virus coxsackie, HIV, astrovirus, parecho virus) et ECUN. Les résultats de quelques travaux observationnels sont discordants.

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L’allergie à la cacahuète affecte environ 2 % des enfants dans les pays industrialisés et sa prévalence a augmenté ces 20 dernières années. Elle persiste souvent à l’âge adulte et les réactions anaphylactiques sont fréquentes, rendant la qualité de vie des patients altérée. Il existe des traitements d’immunothérapie orale chez l’enfant de plus de 4 ans mais avant cet âge, ils sont potentiellement associés à des réactions anaphylactiques et des troubles digestifs. À l’inverse, les traitements d’immunothérapie épicutanée (ITE), efficaces chez les enfants de 4 à 11 ans avec une allergie à la cacahuète, en utilisant des doses d’allergènes plus faibles, pourraient être une alternative intéressante chez le nourrisson.

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La scoliose est la déformation rachidienne la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent, elle est dite idiopathique dans 80 % des cas. Ces dernières surviennent à l’adolescence, elles concerneraient 2-3 % des jeunes entre 10 et 18 ans avec un ratio fille/garçon de 10:1 pour les angulations supérieures à 30°. L’étiologie est multifactorielle, comprenant des facteurs génétiques, environnementaux, biomécaniques. Le système endocrine pourrait jouer un rôle, les scolioses survenant à l’adolescence lors des modifications rapides du milieu hormonal. Ainsi, l’hormone de croissance serait impliquée dans le développement ou la progression d’une scoliose. Des études ont montré des pics de sécrétion de GH plus importants chez des adolescentes avec une scoliose progressant au moment de la puberté par rapport à un groupe d’adolescentes sans scoliose.

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Les rhinosinusites chroniques touchent 10 % de la population mondiale. Malgré les multiples études sur leurs étiologies et les hypothèses physiopathologiques impliquant une modification du microbiome nasosinusal, il y a peu d’impact sur leur prise en charge qui reste dominée par des traitements anti-inflammatoires. Les corticoïdes par voie nasale représentent la première ligne du traitement, il y a cependant un manque d’évidence de leur efficacité dans la population pédiatrique.